Découvrez le témoignage du sous-patron de la vedette l’Elorn ! Dans une lettre adressée le 28 octobre 1935 à l’Administrateur de l’Inscription maritime de Brest (chargé de la police et de la réglementation des pêches), le sous-patron se défend d’une surveillance laxiste et fustige les manques de moyens pour lutter contre la fraude en rade de Brest.
Le témoignage
Le document
Le témoignage qui suit est une lettre rédigée le 28 octobre 1935 par le sous-patron de la vedette l’Elorn. Parmi ses multiples prérogatives, cette dernière est chargée de secourir les équipages en détresse, ou encore de veiller au bon respect des réglementations de pêche. C’est donc dans le cadre de cette mission de surveillance des fraudes que s’exprime le sous-patron.
Son témoignage est retranscrit mot pour mot dans le podcast. Si vous souhaitez la consulter, retrouvez-la au Service Historique de la Défense (SHD) de Brest, dans le fonds 2P9/33 (dossiers sur la domanialité maritime, réglementation et police de la navigation, tarification, activités, travaux (1903 – 1948)).
Le contexte
Depuis plusieurs années, les pêcheurs de la rade peinent à tirer profit des huîtres plates. La plupart des gisements sont considérablement appauvris et tout dragage y est interdit pour espérer conserver cette espèce. Face à cela, les Hommes de la rade tentent de s’adapter et s’intéressent à une nouvelle ressource marine qui semble présenter de belles opportunités : la coquille Saint-Jacques. Jusqu’alors considérée comme un plat du pauvre ou simple godaille pour les marins, elle redore peu à peu son blason à la fin du XIXe siècle. Les nouveaux moyens de transports, la technologie des conserveries (meilleure conservation et grande exportation de ces produits), ainsi que le traitement que lui réservent certains restaurateurs, font entrer la Saint-Jacques dans les assiettes parisiennes. Rapidement, la demande des consommateurs augmente. De fait, assurés d’un nouveau débouché, les Hommes de la rade s’activent à cette pêche pour laquelle les récoltes sont abondantes.
Cependant, cette jeune activité demeure peu encadrée. Les autorités maritimes ont (tardivement) fixé la taille réglementaire de sa pêche à 8cm en 1911, avant de passer à 9cm en 1923. Malgré tout, ces mesures semblent insuffisantes pour la bonne gestion de cette ressource. A l’occasion d’une tribune rédigée le 8 novembre 1935 dans le journal régional La Dépêche de Brest, le rédacteur en chef (Charles Léger) s’alarme d’« une réglementation nécessaire mais bien difficilement observée » . En effet, les épisodes de fraude semblent se multiplier en rade de Brest. Horaires non respectés, tailles réglementaires ignorées ; tout laisse à penser que l’avenir de cette nouvelle activité est déjà menacée. Et pour cause, en pêchant une trop grande quantité de coquilles Saint-Jacques ou des individus trop jeunes, les stocks coquilles Saint-Jacques peinent à se renouveler. A terme, c’est l’ensemble du secteur de la pêche qui est en danger.
Bien évidemment, les autorités maritimes ont conscience de ce problème et s’organisent avec les pêcheurs pour contrer ces fraudes. Par exemple, le système d’étiquettes de salubrité est lancé dès 1935. Chaque pêcheur doit renseigner sur cette étiquette son nom, ainsi que celui de son bateau, avant de la sceller à son sac de coquilles fraichement pêchées. Par ce système, il certifie donc que sa marchandise est de bonne qualité et qu’elle respecte la taille réglementaire imposée. Si un sac de coquilles ne revêt pas cette étiquette, il ne peut pas être transporté par les mareyeurs ou personnels de la gare, ou être vendu à autrui. Pour les autorités, cela permet de responsabiliser l’ensemble du secteur de la pêche et de retracer le pêcheur en cas de constatation de fraude.
Néanmoins, seulement un an après sa mise en circulation, ce système semble déjà présenter des failles et la fraude recommence de plus belle. Les Administrateurs de l’Inscription maritime demandent donc aux gardes-maritimes de redoubler d’efforts pour enrayer ce fléau. Mais difficile de surveiller toute la rade, quand les moyens sont très limités...
Pour citer :
- Le site HistoRade
ORGANISME ou NOM, Date de publication, disponible sur : [insérer adresse url], [Consulté le jour mois année]
Ex : HISTORADE, 01/09/2020, disponible sur [insérer adresse url], [Consulté le 01/09/2020].
- Un article édité sur ce site
NOM, Prénom, « Titre du document [en ligne] », date de publication, disponible sur Internet : [insérer adresse url], [Consulté le jour mois année]
Ex : BOSSEBOEUF Lucas, « Le moteur », disponible sur Internet : [insérer adresse url], [Consulté le 01/09/2020].
- Un passage tiré des archives
NOM de la structure d’archives, cote correspondante, date éventuelle du document.
Ex : Service Historique de la Défense de Brest, 2P9/35, le 25 avril 1935.
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